Présentation des Oeuvres choisies de G. Munis - Tome I

Publi? le 5 avril 2012 dans Gauche Communiste historique


 

 

- 410 pages
- 12 euros
- Editions Ni patrie ni fron­tières
- Parution : le 15 avril 2012
- N° ISSN : 1637-3103
- Commande : chèque à Yves Coleman (sans autre men­tion) : 10, rue Jean-Dolent 75014 Paris ; ou demander des précisions à yves­co­le­man@­wa­na­doo. fr.

 

 

En 1954, G. Munis (à droite) et son compagnon, Jaime Fernandez, sont détenus au Pénitencier "El Dueso" en Cantabrie (Espagne).

 

Ce tome I des œuvres choisies de G. Munis réunit des articles, des textes et des brochures datant de sa période trotskyste jusqu’à sa rupture officielle avec la Quatrième Internationale en 1948. Certains ont été écrits immédiatement après cette rupture. Quelques textes existaient déjà en français, d’autres, d’une grande importance politique et historique, viennent d’être traduits pour ce volume et sont donc inédits dans cette langue. Ils sont présentés par ordre chronologique, ce qui permet de mieux comprendre l’évolution des idées révolutionnaires de l’auteur, d’autant que les thèmes principaux de ce premier tome sont fondamentalement les mêmes : révolution espagnole, internationalisme, défaitisme révolutionnaire, nature de l’URSS, État ouvrier dégénéré, capitalisme d’État…

 

Comme il est indiqué dans la présentation des idées politiques de G. Munis au début de cet ouvrage [1], outre l’étude exhaustive de la première grande révolution prolétarienne de l’histoire en Russie, le mouvement révolutionnaire en Espagne dans les années 30 a également eu une influence décisive sur Munis. Après avoir vécu dans sa propre chair ce que le stalinisme était capable de faire pour empêcher la victoire de la révolution prolétarienne en Espagne entre 1936 et 1937, il est clair que sa vision se devait d’être très critique, même vis-à-vis des idées trotskystes qu’il avait épousées, sur la ‘défense de l’URSS’, le stalinisme, puis la nature même du système dit soviétique.

Sur la période de la guerre civile espagnole, sont reproduits quelques tracts, quelques lettres et quelques articles écrits au moment des événements. D’autres articles, écrits plus tard, paraîtront dans le tome II. De plus, est conseillée la lecture de son œuvre maîtresse sur ce thème - Leçons d’une défaite, promesse de victoire - traduite et publiée par les éditions ‘Science Marxiste’ en 2006, ou en espagnol - Jalones de derrota, promesa de victoria - réédité par ‘Muñoz Moya Editores Extremeños’ en Espagne.

Ensuite, en suivant l’ordre chronologique, paraît dans ce tome I, entre autres, une brochure de 1944 (inédite en français) qui est d’une importance capitale : Le SWP et la Guerre Impérialiste. Elle constitue une sorte de pont entre la défense des positions de la Quatrième Internationale et l’inévitable et nécessaire rupture avec celles-ci du point de vue révolutionnaire, du point de vue de l’analyse marxiste de l’évolution historique. En clair, Munis utilise la méthode du matérialisme historique pour comprendre l’évolution internationale du capitalisme et analyser le mouvement prolétarien à l’échelle mondiale, au risque de devoir rompre avec des idées mortes, d’où qu’elles proviennent. Et l’internationalisme prolétarien est une conception qui ne pouvait ni mourir ni être enterrée. C’est sa défense, à contre-courant, qui le pousse à revoir certaines de ses positions. Munis constate que le parti trotskyste américain - le Socialist Workers Party (SWP) - trahit le défaitisme révolutionnaire, et donc l’internationalisme, au cours de la Seconde Guerre mondiale, au profit d’un autre objectif, qui est loin d’être révolutionnaire : celui de la transformation de la guerre impérialiste en … véritable guerre contre Hitler. Le SWP tourne ainsi le dos à la devise de Karl Liebknecht : « L’ennemi principal est dans notre propre pays ».

Munis critique donc de façon conséquente la défense, de la part du parti américain et du mouvement trotskyste français, de la guérilla (en Yougoslavie et en France) et de la Résistance française contre les troupes d’occupation allemandes. Munis dénonce les maquis, les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), comme une coalition de forces capitalistes (bourgeoises, staliniennes et réformistes) anti-prolétariennes. Leur objectif principal est d’éviter la véritable lutte de classes et par conséquent, vu la situation, l’armement immédiat du prolétariat, seul capable d’en finir avec la guerre impérialiste et le capitalisme.

L’auteur y définit aussi, magistralement, le véritable contenu du ‘défaitisme révolutionnaire’ ; il y aborde le problème de la ‘défense de l’URSS’, à un moment où il pense encore (pas pour très longtemps) qu’il s’agit d’un ‘État ouvrier dégénéré’. Munis reproche au SWP de ne penser qu’à la défense militaire de l’URSS, et de délaisser presque complètement la lutte contre la bureaucratie stalinienne. D’ailleurs, il pense qu’après 1940 il faudra surtout faire dépendre ‘la défense de l’URSS de la lutte à mort contre le pouvoir stalinien. Il en arrive même à dire qu’il faudrait remettre en question ‘la défense de l’URSS’ elle-même, puisque toute sa politique est contre-révolutionnaire. Et il défend cette idée avant même de considérer l’URSS (avec des guillemets autour de chaque initiale, parce qu’aucune, disait-il, ne correspondait à la réalité) comme un capitalisme d’État à l’avant-garde de la contre-révolution capitaliste mondiale.

Puis, en 1946, il écrit une brochure - Les révolutionnaires devant la Russie et le Stalinisme mondial - où il définit, pour la première fois, la Russie, qu’il désignera ainsi désormais, comme capitaliste d’État, produit du non-aboutissement de la révolution communiste en Russie et dans le monde, produit d’une des dégénérescences contre-révolutionnaires les plus funestes de l’histoire. Ses pages sur les rapports de production et la plus-value en terres prétendues ‘soviétiques’ font désormais partie de la plus belle prose révolutionnaire, communiste, sur cette question. Elles occupent une place importante dans ce premier tome. Elles sont un point de non-retour, un point qui, avec la question de l’internationalisme, marque une rupture catégorique avec le trotskysme aux mains des Cannon, Frank, Lambert, Pablo et compagnie. Les textes immédiatement postérieurs (quasiment tous inédits en français) témoignent de toute l’activité, des réflexions et des efforts déployés pour convaincre les militants, les groupes, les sections de la Quatrième Internationale que celle-ci est en danger... en danger de mort pour la révolution.

Le texte, intitulé « Explication et appel aux militants, groupes et sections de la Quatrième Internationale », qu’il signe personnellement avec d’autres militants du Groupe communiste-internationaliste d’Espagne, synthétise tout ce travail de réflexion.

Son activité ne se limitant pas à la théorie, il se rend en Espagne, en 1951, pour former des militants révolutionnaires et développer une organisation révolutionnaire, désormais en dehors de la Quatrième Internationale avec laquelle il a rompu, et sur de nouvelles bases. Après la grève dite des tramways à Barcelone, où, avec ses camarades, il distribue un tract louant la spontanéité et la combativité ouvrières, il est détenu à Madrid. En plus des tracts, la police franquiste saisit plusieurs exemplaires de la brochure ’Quatre mensonges et deux vérités. La politique russe en Espagne’. Ce texte, daté de 1949, et reproduit également dans ce volume, analyse sans ambages, avec une force étonnante et un courage à toute épreuve, ce que représente le stalinisme. Il met tout particulièrement en garde le prolétariat espagnol contre la politique du Parti ‘communiste’ des Santiago Carrillo et de la Pasionaria, en répondant point par point à l’un de leurs manifestes. Pour Munis, comme en 1936-1937, le parti stalinien espagnol fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que se développe un véritable mouvement révolutionnaire communiste, en Espagne, et dans le monde. Pour lutter contre le franquisme, il faut lutter contre le Parti ‘communiste’ espagnol, car c’est ce dernier, en première instance, qui, en écrasant la révolution sociale, a permis la victoire de Franco. Pour lutter contre le franquisme et le stalinisme, il faut lutter contre le capitalisme. Ce n’est qu’en luttant contre ce dernier que l’on peut en finir avec les deux premiers.

Enfin, ce premier tome publie entre autre en appendice une lettre de Natalia Sedova Trotsky au Comité exécutif de la Quatrième Internationale en 1951. Dans sa lettre de rupture avec l’organisation internationale trotskyste, elle défend essentiellement les mêmes positions que Munis sur la nature du système russe et de ses satellites. Cette lettre, la réponse de la Quatrième Internationale, la dernière déclaration politique écrite de Natalia Sedova au journal France-Soir et une introduction à ces textes furent publiées sous le titre Aujourd’hui comme hier juste après la mort de la compagne de Trotsky. Par sa défense de Natalia Sedova Trotsky, Munis renforçait sa critique du trotskysme « qui se rapprochait de Moscou dans la même mesure où Natalia s’en éloignait… ».

Rédigé à partir de la préface du Comité d’édition des œuvres de G. Munis – Barcelone.

 

Sommaire

Avant-propos de l’éditeur Ni patrie ni frontières
Préface du Comité d’édition des œuvres de Munis
Positions et parcours d’un internationaliste : G. Munis (1912-1989)
Esquisse biographique de G. Munis (1912-1989)
Sur le trotskysme espagnol de 1936 à 1948
Chronologie de la révolution et de la contre-révolution en Espagne

 

Textes de G. Munis

1. Crise de la Generalitat ou crise nationale ? (Boletin n° 1, janvier 1937, Groupe bolchevik-léniniste d’Espagne, Quatrième Internationale)
2. Le mot d’ordre d’actualité (Boletin n° 2, février 1937, Section bolchevik-léniniste d’Espagne, Quatrième Internationale)
3. Les erreurs et les particularités du POUM (Boletin n° 2, février 1937, Section bolchevik-léniniste d’Espagne, Quatrième Internationale)
4. Pour la Révolution sociale, pour la victoire militaire, vive le Front révolutionnaire (tract de la Section bolchevik-léniniste d’Espagne, 1937)
5. Lettre de Munis à Léon Trotsky (22 avril 1937)
6. Aidez le Groupe bolchevik-léniniste d’Espagne. Un de nos camarades d’Espagne nous dit… (30 avril 1937)
7. Tribune idéologique. La junte révolutionnaire et les « Amis de Durruti » (La Voz Leninista n° 2, 23 août 1937)
8. Seule la lutte organisée des masses pourra arrêter la progression de la contre-révolution stalino-bourgeoise (La Voz Leninista n° 2, 23 août 1937)
9. Lettre de Munis [à Rudolf Klement ?] (29 décembre 1937)
10. La lutte simultanée contre le fascisme et contre le gouvernement Negrin-Prieto-Staline établit la ligne de démarcation entre les révolutionnaires et les traîtres (La Voz Leninista n° 3, 5 février 1938)
11. Lettre à un ouvrier du POUM. Le drapeau de la Quatrième Internationale est l’unique drapeau de la révolution prolétarienne (La Voz Leninista n° 3, Barcelone, 5 février 1938)
12. Lettre de Munis et Carlini à Felix Danon (23 juin 1938)
13. Lettre de Munis et Carlini à González Peña (24 août 1938)
14. Leçons d’une défaite. Une interview de G. Munis (24 février-3 mars 1939)
15. Une opinion non conformiste. Témoignages révolutionnaires sur l’Espagne (10 avril 1939)
16. Vive la Révolution espagnole ! (tract du Groupe bolchevik-léniniste d’Espagne, 1939)
17. La terreur jaune en Espagne (avril 1939)
18. La situation en Espagne et les tâches des bolcheviks-léninistes (27 avril 1940)
19. Signification historique du 19 juillet (août 1943)
20. Genèse de l’unité nationale (Contra la Corriente n° 7, septembre 1943, Groupe espagnol au Mexique de la Quatrième Internationale)
21. Quelques réflexions sur la guérilla (Contra la Corriente n° 14, avril 194, Groupe espagnol au Mexique de la Quatrième Internationale)
22. Vive les combattants de mai ! (Contra la Corriente n° 15 et 16, mai-juin 1944, Groupe espagnol au Mexique de la Quatrième Internationale)
23. Le Socialist Workers Party et la guerre impérialiste (novembre 1944)
24. Amendements proposés par le camarade Munis (2-3 décembre 1945)
25. Lettre de Munis à Eduardo Mauricio (21 mai 1946)
26. Les révolutionnaires devant la Russie et le stalinisme mondial (1946)
27. Sur le prochain Congrès mondial (Groupe espagnol au Mexique, 15 juillet 1946)
28. « Nous disions hier... » (4 août 1946)
29. Attention ! (G. Munis et Peralta [Benjamin Péret], 21 avril 1947)
30. Lettre ouverte au Parti communiste internationaliste, section française de la Quatrième Internationale (Natalia Sedova-Trotsky, G. Munis et Benjamin Péret, juin 1947)
31. La Quatrième Internationale en danger (Natalia Sedova-Trotsky, Benjamin Péret et G. Munis, 27 juin 1947)
32. A tous les camarades, à toutes les sections de la Quatrième Internationale (Jacques Gallienne, L. Magneux, M. Pennetier, Pierre Chaulieu [Cornelius Castoriadis], Claude Montal [Claude Lefort], G. Munis, Anthony [Nguyen Van-Nam], R. Mangano, mars 1948)
33. Motion et résolution préalables au Congrès de la Quatrième Internationale (G. Munis, Pierre Chaulieu [Cornelius Castoriadis], Jacques Gallienne, Antony [Nguyen Van-Nam], Pedro [Max Shachtman], Bob Armstrong, avril 1948)
34. Rapport sur le Congrès mondial (janvier 1949)
35. Explication et appel aux militants, groupes et sections de la Quatrième Internationale (Comité central du Groupe communiste-internationaliste d’Espagne, juillet 1949)
36. Quatre mensonges et deux vérités. La politique russe en Espagne (août 1949)
37. Contre les deux blocs, pour le socialisme (Union ouvrière internationale, Groupe de combat révolutionnaire, août 1950)
38. Lettre de l’Union ouvrière internationale (R. Mangano, G. Munis, Benjamin Péret, Pesch, Jacques Gallienne, Esteban Bilbao, 1950)

 

Annexe 1 : Natalia Trotsky rompt avec la Quatrième Internationale (G. Munis, 1972)
Annexe 2 : Lettre de Natalia Sedova à France-Soir
Annexe 3 : Lettre au Comité exécutif de la Quatrième Internationale (Natalia Sedova-Trotsky, 9 mai 1951)
Annexe 4 : Manifeste de l’Union ouvrière internationale
Annexe 5 : Dans quel marasme nous ont-ils plongés (Union ouvrière internationale) ?
Annexe 6 : Guerre ou paix ? (Union ouvrière internationale)
Annexe 7 : L’œuvre du stalinisme en Chine (Union ouvrière internationale)

Bibliographie succincte sur la guerre d’Espagne et le mouvement trotskyste

 

Présentation de l’éditeur

G. Munis n’est pas très connu en France, même si plu­sieurs de ses ouvra­ges sont déjà parus dans ce pays. Ce pre­mier volume de ses œuvres choi­sies retrace son évo­lution théo­rique, du trots­kysme le plus ortho­doxe à des posi­tions plus pro­ches de ce qu’il est convenu d’appe­ler les Gauches com­mu­nis­tes – ce que les jour­na­lis­tes désignent sous le nom d’« ultra­gau­che ».

Les docu­ments réunis dans ce volume cou­vrent la pér­iode 1937-1952, année où G. Munis est incarcéré par le fran­quisme. C’est une pér­iode mar­quée d’abord et avant tout par la guerre civile espa­gnole, puis­que Munis se trou­vait à Barcelone, où il tenta, avec une poi­gnée de mili­tants, de cons­truire une orga­ni­sa­tion révo­luti­onn­aire ; la prison et les tor­tu­res en Espagne, puis l’exil en France et enfin au Mexique ; sa col­la­bo­ra­tion avec Trotsky à Mexico ; la Seconde Guerre mon­diale, les mou­ve­ments de rés­ist­ance et les dis­cus­sions que ces évé­nements pro­vo­quèrent au sein des grou­pes trots­kys­tes ; la nais­sance des démoc­raties popu­lai­res et la cons­truc­tion d’un glacis autour de l’URSS considérée dés­ormais par Munis comme un capi­ta­lisme d’Etat ; la nais­sance de la guerre froide et les pro­blèmes nou­veaux qu’elle posa.

Toutes ces ques­tions peu­vent paraître loin­tai­nes, voire dépassées, mais elles sont tou­jours actuel­les. Il suffit de voir avec quelle rapidité la crise mon­diale que nous subis­sons pro­vo­que de nou­veau, à gauche comme à droite, des dis­cours anti-alle­mands ou anti-chi­nois, l’apo­lo­gie du pro­tec­tion­nisme, ou au contraire les appels au renforcement des struc­tu­res poli­ti­ques de l’impér­ial­isme européen, pour vérifier que le poison du natio­na­lisme est tou­jours là, même si l’URSS et ses satel­li­tes ont dis­paru et même si le décl­enc­hement d’une nou­velle guerre mon­diale en Europe ne semble, pour le moment, pas cré­dible .

La lec­ture de ces textes, en grande partie inédits en français et en tout cas introu­va­bles, a aussi un autre intérêt : nous faire déc­ouvrir les écrits d’un homme qui n’a jamais abdi­qué son combat pour le com­mu­nisme, qui ne s’est vendu ni aux sta­li­niens, ni à la social-démoc­ratie, ni à la bour­geoi­sie, et a su rester fidèle à ses convictions.

 

Regardez et acheter le documentaire sur Munis (long métrage)

- Le documentaire peut être visionné en ligne pour 5 €.
- Le DVD du documentaire peut être acheté pour 11 € + frais d’envois.

 


[1Cette présentation est parue dans le n°4 de Controverses et est disponible sur ce site.


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