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BARBARIA : Sur la décadence du capitalisme, la révolution permanente et la révolution double

 

Notre introduction au texte de BARBARIA

 

Ci-dessous, nous publions la contribution d’un groupe apparu en 2018 en Espagne : Barbaria. Ce dernier se réclame de la filiation politique de la Gauche Communiste et elle porte sur la compréhension de l’évolution du capitalisme et du positionnement des révolutionnaires tout au long de son existence. Elle constitue une étape non achevée de sa réflexion qu’il met publiquement à disposition afin d’entamer un débat plus large au sein du milieu révolutionnaire.

La question traitée est cruciale car c’est elle qui, en dernière instance, détermine toutes des autres. En effet, de la détermination du niveau de développement du capitalisme (la question économique), de l’état du rapport des forces au sein de la classe dominante (la question des alliances et des régimes politiques), et entre nations (la question des tensions impérialistes) ainsi que de l’évaluation de la conflictualité sociale entre les dominants et les exploités (la question de la lutte des classes), vont dépendre les caractéristiques des luttes des salariés et les orientations pour l’action de ses minorités d’avant-garde. Telles ont été, et sont encore, une des préoccupations centrales des éléments les plus conscients. C’est parce que le texte de Barbaria confronte de façon positive cette question cruciale de l’évolution du capitalisme et du positionnement des révolutionnaires qu’il a été traduit en français (merci Eu.) et que nous y apporterons nos propres réflexions dans un texte à venir. En attendant, nous signalons ici quelques-unes de nos contributions sur les sujets abordés par Barbaria :

 


Le texte de BARBARIA

 

Les notes que nous présentons ci-dessous ont un caractère semi-élaboré, c’est que, la plupart du temps, l’expression théorique de la lutte prolétarienne s’est vue reflétée à travers des fragments, des notes, des schémas, des débats chaotiques, des réflexions à développer, des textes inachevés, des matériaux semi-élaborés. L’activité militante n’a que peu à voir avec le salon placide d’un intellectuel ou la plume inanimée d’un académicien. Le programme communiste est invariant, tout comme sont invariants le capital et son fossoyeur historique. En même temps, la classe qui est la nôtre apprend son programme à coups de luttes et de défaites, d’espoirs et de mensonges, de durs bilans en période de répression. Les notes que nous publions ci-dessous sont l’expression de notre débat, en tant que groupe, à travers lequel nous prétendons développer certains postulats initiaux pour être partie prenante d’un débat fondamental du mouvement historique du prolétariat. Nous présentons donc ces notes avec l’intention de les développer plus clairement et plus systématiquement dans de prochaines élaborations.

Ce texte semi-élaboré part de deux points fondamentaux du mouvement communiste révolutionnaire :
• Le communisme mondial est possible parce que le capitalisme en crée les conditions matérielles. Ceci est un postulat fondamental que la présence du postmodernisme a éclipsé dans nos milieux.
• Ce qui est central dans le débat entre les camarades du passé comme Trotski, Bordiga, Lénine ou Rosa Luxembourg, c’est de déterminer le moment où l’on peut parler du capitalisme comme d’un mode de production pleinement établi, et de savoir s’il s’agit déjà d’un phénomène mondial ou s’il connaît encore un développement régional, géo-historique : c’est-à-dire, déterminer si en même temps que la révolution communiste est complètement d’actualité dans certaines régions du monde, il faudrait encore entreprendre une transition totalement capitaliste dans d’autres régions.

Par conséquent, dans ce débat, il est essentiel de partir d’une notion précise de la révolution bourgeoise, comprise comme l’ensemble des transformations politiques et juridiques qui établissent les conditions dans lesquelles le capital se reproduit de façon élargie et auto-entretenue avec l’automatisme impersonnel qui le caractérise. Pour cela, il faut savoir que le capitalisme ne se définit pas seulement par les conditions immédiates de production (rapport capital-travail) mais qu’il englobe l’ensemble des conditions de reproduction sociale (politiques, juridiques, idéologiques, etc.). Par conséquent, la révolution bourgeoise permet de libérer les obstacles en laissant libre cours au plein développement du capitalisme.

Ainsi, pour cette discussion, il est important de faire une différence entre le capitalisme au cours du XIXe siècle, et ce qu’est le capitalisme à partir du XXe siècle. Sans cette différenciation, il est impossible de bien comprendre ce qu’ont défendu les camarades de notre parti dans le passé.

Au XIXe siècle, lorsque Marx écrit le Manifeste du Parti Communiste et que, peu après, se produit une vague révolutionnaire, celle de 1848, le capitalisme est un rapport social encore très faible. Sur le continent européen, il coexiste avec une réalité encore importante de l’Ancien Régime et avec un prolétariat encore faible et minoritaire au niveau social. En partant du fait qu’il est nécessaire que le capitalisme se développe et favorise une certaine extension du prolétariat pour que le communisme soit possible, la question urgente pour Marx et Engels en 1848 est de savoir comment défendre les intérêts historiques du prolétariat à un moment encore prématuré pour la révolution communiste : comment défendre son indépendance de classe, organisée en parti, et comment, de cette façon, participer à la vague révolutionnaire européenne de 1848. C’est ainsi que surgira leur perspective de la révolution en permanence. Le but du prolétariat, une fois l’Ancien Régime vaincu, est que la révolution se poursuive dans une perspective communiste et prolétarienne.

Au XXe siècle, le colonialisme a déjà propagé les rapports capitalistes dans le monde entier et il est en train de supprimer les obstacles pour permettre au capitalisme de se développer pleinement. L’impérialisme étend les rapports capitalistes au niveau mondial et ce faisant, il crée les prémisses, qui sont globales, de la révolution communiste mondiale. C’est dans ce contexte que surgit la révolution russe comme expression de cette révolution mondiale, et c’est à ce moment-là qu’apparaîtra aussi l’idée de décadence que défendra l’Internationale Communiste pour laquelle, au début du XXe siècle, le capitalisme n’apporte plus rien, étant historiquement caduc. Des années plus tard, des camarades comme Bordiga se confronteront à cette vision.

Ce qui est clair pour l’ensemble de nos camarades de l’époque, c’est que la période historique n’est plus celle de Marx : le moment de la révolution communiste est venu. Pour certains, la révolution doit être communiste au niveau mondial, et pour d’autres, comme Bordiga, la révolution doit être purement communiste en Occident, mais de nature multiple (bourgeoise et prolétarienne, révolution double), dans les pays périphériques du capitalisme. Était aussi en discussion le fait de savoir si la révolution devait être purement communiste ou si elle pouvait comprendre des caractéristiques de révolution bourgeoise et démocratique : ce sera, par exemple, la vision de Trotski avec son idée de révolution permanente.

Cette vue panoramique générale nous aide à comprendre le contexte d’ensemble du débat.

 

1) Marx et la révolution en permanence

 

Pour Marx en 1848, le prolétariat a conquis le terrain de la lutte pour son émancipation (indépendance de classe), mais non les conditions de sa propre émancipation. Par conséquent, il doit participer dans les révolutions bourgeoises et démocratiques dans le but de diriger une révolution en permanence, une transcroissance de la révolution bourgeoise en prolétarienne. Cependant, cela n’est possible que s’il maintient son postulat fondamental : son indépendance politique et organisationnelle par rapport à tous les autres programmes, à toutes les autres classes sociales. Dans cette vision de Marx, il n’y a jamais de paix latente entre bourgeoisie et prolétariat. La bourgeoisie se trouve dans une impasse, prise entre l’Ancien Régime et le communisme (incarné par le prolétariat). L’irruption du prolétariat comme classe exploitée et révolutionnaire est déjà une menace pour la bourgeoisie. C’est le spectre qui la terrorise. De plus, Marx distingue les tâches des communistes en fonction du pays dont il est question. Il y a une différence entre l’Allemagne, où l’Ancien Régime est puissant et où l’unification nationale ne s’est pas encore produite, et la France, où le prolétariat agit de plus en plus comme une force autonome, au point qu’il subira la répression sanglante de la part de la bourgeoisie dirigée par le général Cavaignac, à cause du rôle qu’il a joué pendant les journées de juin 1848.

La Commune de Paris, première expérience victorieuse, qui a duré quelques semaines, de la révolution sociale et de la dictature de classe, préfigurera le changement historique qui se profile clairement à partir des années 1900.

 

2) Les débats au sein du prolétariat russe : Lénine et Trotski.

 

Marx et Engels ont milité durant un interrègne, situés entre un "déjà plus" et un "pas encore", mais les choses commencent à changer à partir du début du XXe siècle, et surtout avec la Révolution russe de 1905.

De quoi débattait-on au sein de la social-démocratie russe ? Rapidement et de façon schématique, nous pouvons dire que les mencheviques considéraient d’une façon linéaire et mécanique que la Russie étant un pays féodal, il fallait donc appuyer une révolution bourgeoise. Pour les mencheviques, ce n’est qu’une fois la révolution bourgeoise menée à terme que le prolétariat pouvait lutter pour une révolution communiste.

Les bolcheviques ont une vision différente. Ils conviennent que la Russie doit passer par une révolution de type bourgeoise, l’agent de cette révolution doit être le prolétariat allié à la paysannerie car la bourgeoisie russe est faible et que, de plus, elle a peur de la force et de la menace que représente pour elle le prolétariat. De ce point de vue, la brochure de Lénine Deux tactiques de la social-démocratie russe est fondamentale. Sa vision de la révolution russe est certainement moins étapiste que celle des mencheviques, et elle appelle à une dictature des ouvriers et paysans qui, cependant, s’exercera dans le cadre d’un régime capitaliste : c’est-à-dire que ce n’est pas une révolution communiste.

La vision de Trotski est différente. Nous pouvons, synthétiquement, indiquer trois aspects positifs de sa théorie :
• Son idée de la révolution permanente considère que le monde est enfin mûr pour la révolution communiste mondiale.
• Il en est ainsi parce que le monde serait désormais dominé par le capitalisme, qui implique un développement inégal et combiné. On ne peut parler au début du XXe siècle de féodalisme ou de précapitalisme.
• Sa vision éminemment mondiale de la révolution et du capitalisme implique une critique de l’idée contre-révolutionnaire de socialisme dans un seul pays.

Nonobstant, nous pouvons indiquer cinq limitations dans sa vision :
• Elle se base sur une idée de décadence. Le capitalisme ne développe plus les forces productives, il a donc cessé de croître et n’entraîne que la destruction des forces productives. Comme nous le verrons plus loin, cette vision présuppose une incompréhension de la nature du capitalisme.
• Cette idée est liée au fait que la révolution permanente serait le seul développement possible pour les pays périphériques du capitalisme, ce qui laisse entendre que le capitalisme des pays périphériques ou des pays qui ont connu le capitalisme plus tard ne pourraient pas développer leurs forces productives. Cette idée de décadence et d’impérialisme présuppose qu’il n’y aurait pas de concurrence réelle entre capitaux nationaux. Cependant, il est plus qu’évident qu’avec le développement du capitalisme s’est déployé un capitalisme organique et compétitif dans des pays comme la Chine, l’Inde, la Corée du Sud ou le Brésil, pour ne citer que quelques exemples parmi d’autres, mais qui sont très symptomatiques.
• La révolution permanente fait passer des mouvements et des processus bourgeois pour des mouvements et des processus communistes. Cela se confirme clairement dans le cas de l’attitude du trotskisme d’après-guerre envers la Chine de Mao, la Yougoslavie de Tito ou l’État cubain de Castro. Qui plus est, cela est lié à la notion même d’État ouvrier dégénéré bureaucratiquement chez Trotski et l’assimilation entre nationalisation et socialisme, entre capitalisme et propriété privée.
• À un certain moment, Trotski étend la notion de révolution permanente à l’Europe occidentale et identifie communisme et révolution permanente, reportant ainsi au communisme tout le démocratisme qu’implique cette notion. Trotski confirmera cela, par exemple, dans ses textes sur l’Espagne des années 30.
• Ainsi, la notion de révolution communiste serait celle d’une révolution permanente qui se transforme en socialiste en étant permanente, et donc, la défense de consignes démocratiques devient un point central de la perspective communiste.

 

3) La notion de décadence et notre critique

 

Comme nous le disions au début, l’idée de décadence trouve son origine dans une vision développée par l’Internationale Communiste dans le contexte de la vague révolutionnaire mondiale de 1917-1923, Rosa Luxembourg étant sa principale théoricienne. Au début du XXe siècle, le capitalisme s’est déployé sur l’ensemble du globe terrestre mettant fin ainsi aux marchés extra-capitalistes. Pour Rosa, le capitalisme a un problème pour réaliser la plus-value dans un monde purement capitaliste, son expansion mondiale supposant la fin de son développement, l’entrée en décadence à travers une crise permanente et sans issue.

C’est le CCI, à partir des années 70 du XXe siècle, qui va développer cette vision, et avant eux, certains membres de Bilan, comme Mitchell. Dans l’idée de décadence, que le capitalisme ait atteint les limites de son développement salutaire est une notion toujours sous-jacente. Une fois les marchés précapitalistes arrivés à épuisement, se produisent des crises de surproduction qui ne provoquent pas nécessairement un arrêt total de l’économie capitaliste, mais certainement une série de catastrophes et de convulsions croissantes. De plus, l’idée de décadence laisse présupposer que ce qui est positif dans la phase ascendante du capitalisme (parlementarisme, syndicalisme, question nationale, guerres inter-bourgeoises…), se transforme, comme par magie, en son contraire, en positions bourgeoises et interclassistes. Comme nous le verrons, notre position est bien différente.

Nous pouvons résumer en cinq points notre critique de l’idée de décadence :
• Le capital développe toujours ses forces productives, même s’il le fait de façon de plus en plus catastrophique. Le capital c’est de la valeur engrossant de la valeur. La concurrence entre capitaux pour accumuler plus de valeur les poussent à développer les forces productives. Nier ou sous-estimer ce fait catégoriel c’est ne pas comprendre la nature des catégories du capitalisme, son ADN.
• Cela ne signifie pas que le capitalisme n’éprouve pas de plus en plus de difficultés à se valoriser. D’ailleurs, la valeur elle-même est en train de s’estomper comme catégorie historique, parce que les forces productives qu’elle est contrainte d’impulser annulent par ailleurs le fait de mesurer le produit du travail humain en termes de valeur, de temps de travail socialement nécessaire, en termes marchands, en définitive. Mais rien de tout ça n’implique une perte graduelle de son essence, mais bien au contraire, le capitalisme est beaucoup plus pur maintenant, alors qu’il il s’approche de sa propre limite interne, qu’il ne l’était en 1914.
• L’idée de décadence comporte une séparation entre ce qui est subjectif et ce qui est objectif dans la lutte de classes. Pour nous, il est primordial de lier le développement du capitalisme à la croissance du prolétariat révolutionnaire, et c’est ainsi que le communisme devient le programme d’action immédiat pour notre époque.
• Ce dualisme de la notion de décadence entre ce qui est objectif et ce qui est subjectif le conduit à défendre un programme pendant la phase ascendante du capitalisme et un autre durant la phase de décadence. Bien au contraire, pour nous, le programme ne change pas en fonction de la phase dans laquelle se situe un mode de production déterminé, nous assistons plutôt à une lente constitution du prolétariat comme classe révolutionnaire, à partir de son autonomie et indépendance de classe, et ainsi, à une clarification de son programme communiste, de ses intérêts historiques.
• Et enfin, dans le cas du CCI, cette vision devient encore plus idéaliste avec sa théorie de la décomposition. Etant donné que la révolution communiste n’a pas libéré l’humanité d’un capitalisme en décadence, les rapports sociaux se décomposent peu à peu en une guerre de tous contre tous, une anomie sociale généralisée. Ce qui en découle est évident : la lutte de classes et donc la révolution perdent leur sens matériel, historique, et elle se dissipe en laissant place à une notion de plus en plus morale et illuminée de la lutte du prolétariat.

 

4) Notre point de vue.

 

La révolution bourgeoise est un moment spécifique et indispensable pour que le capitalisme s’implante comme mode de production car elle supprime les obstacles et les restrictions empêchant le développement capitaliste. Ainsi, l’ère des révolutions bourgeoises se termine avec la subsomption réelle de la planète à partir de 1885-1900, par la colonisation et l’impérialisme.

Loin de l’idée de révolution bourgeoise définie comme tâches bourgeoises (une nouvelle classe dominante, révolution agraire, développement d’un régime démocratique et indépendance nationale), la révolution bourgeoise est pour nous le moment historique qui permet que s’établissent les conditions nécessaires à l’accumulation élargie du capital, que ce dernier ne peut générer de lui-même, dans la dynamique de la production immédiate de valeur et de sa réalisation sur le marché.

Cela présuppose pour notre part une critique de l’idée de révolution double de Bordiga, qui implique une vision géo-historique de la révolution et de la dynamique du capital. Selon la théorie de la révolution double, il y aurait une révolution purement communiste au centre du développement des pays capitalistes, mais dans tous les autres il faudrait une révolution double (avec des tâches bourgeoises et communistes) qui devrait s’intégrer à la révolution prolétarienne mondiale. C’est dangereux, d’après nous, car cela implique une défense d’alliances, même si elles ont lieu à partir d’une indépendance politique et de classe, avec des forces bourgeoises anti-impérialistes. Ainsi, nous pouvons rappeler ce à quoi ont abouti l’alliance avec le Kuomintang pendant la révolution en Chine de 1927 et, en général, celle avec les mouvements de libération anticoloniaux jusqu’aux années 70 du XXe siècle, dont les derniers exemples sont l’Angola et le Mozambique.

Notre vision est autre. Ce qui est objectif ne peut être séparé du subjectif. Aux débuts du capitalisme nous assistons à un lent mûrissement du prolétariat en tant que classe, de son programme comme force historique. Il ne s’agit pas d’appuyer la révolution bourgeoise dans ces périodes historiques, ni de rechercher une révolution communiste impossible, mais d’affirmer le terrain de notre indépendance de classe. Cependant, à partir du moment où le monde entre pleinement dans la phase de la subsomption réelle du capital (fin XIXe siècle, début du XXe siècle), le prolétariat est une force sociale qui exprime désormais la lutte pour ses intérêts immédiats liés à sa perspective historique. La révolution communiste devient le seul objectif possible pour le prolétariat conformément à son être social, non par manque de développement du capitalisme, ou perte de son essence, mais précisément en raison de sa propre maturité. Par conséquent, la révolution communiste comme objectif minimum, la révolution communiste pure sans amalgames avec d’autres tâches. Depuis 1914, la perspective de révolution communiste et ses possibilités matérielles se sont énormément élargies. Aujourd’hui, la révolution communiste est beaucoup plus solide : une révolution prolétarienne de nos jours en Chine serait bien plus facile à concrétiser qu’en 1927. Ceci étant, malgré cette maturité objective, il peut y avoir des obstacles subjectifs dus au poids de la contre-révolution et à la coupure historique de notre tradition. En 1914, il était plus difficile qu’aujourd’hui, pour des motifs objectifs, que la révolution mondiale se développe et s’impose dans le monde entier. En même temps, aujourd’hui l’éclatement d’une révolution prolétarienne ayant conscience de son programme historique est plus difficile qu’en 1914 à cause du poids de la contre-révolution stalinienne. C’est notre dilemme : jamais les conditions n’ont été aussi mûres pour le communisme, mais nous n’avons pas le communisme comme horizon d’attente en raison du poids que la contre-révolution (moindre, il est vrai, qu’il y a plusieurs dizaines d’années) qui a balayé le mouvement révolutionnaire du prolétariat après la défaite de la vague révolutionnaire du siècle passé. Dans les prochaines décennies, c’est notre futur comme humanité qui est en jeu. Ce futur est indissociablement lié au sort d’une révolution communiste mondiale pure, sans médiations. Et ce débat fait partie de ce long chemin qui peut nous conduire à notre émancipation comme espèce.

 

Traduction : EU.

 

[11- Sur les erreurs théoriques et les incompréhensions de l’analyse de Marx par Luxemburg : Théorie des crises : Marx – Luxemburg.
2- Sur le fatalisme mécaniste de cette théorie : « Des crises permanentes, ça n’existe pas » Marx.
3- Sur l’incapacité de cette théorie à comprendre l’accumulation du capital au XXe S : L’accumulation du capital au XXème siècle – I.
4- Sur les incohérences de l’analyse de ses épigones du CCI, notamment le manque total d’éthique de débat de la part de ces derniers : La théorie des crises et l’éthique du débat – I.
5- Sur le caractère multi-causal de l’analyse des crises de Marx opposé au caractère mono-causal chez Rosa Luxemburg : Une analyse marxiste de la crise à venir.