Nous reproduisons la déclaration du KRAS - section des anarcho-syndicalistes de l’AIT en Russie - en solidarité avec ces camarades. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les membres du KRAS ont constamment défendu la position internationaliste, dénonçant toutes les parties du conflit et appelant les travailleurs à y résister (voir : aitrus.info). Pour cela, ils sont maintenant accusés d’être des laquais du Kremlin par les anarchistes bellicistes qui ont pris le parti de la résistance nationale ukrainienne.

On ne peut s’empêcher de se souvenir des calomnies et dénonciations endurées par les camarades de la Gauche Communiste qui, pour s’être opposés à tous les camps impérialistes durant la Seconde Guerre mondiale et avoir appelé les travailleurs à « déserter la guerre » (voir ici par exemple), ont été dénoncés comme « agents et serviteurs d’Hitler » par tous les partis bourgeois bellicistes de la droite aux partis staliniens. À l’époque, de telles calomnies étaient utilisées pour liquider physiquement les camarades internationalistes.

Une fois de plus, il n’y a pas d’abjection plus ignoble à laquelle ceux qui se compromettent avec le défencisme national n’osent s’abaisser.

Le titre de la déclaration du KRAS dénonce ces anarchistes qui oublient les principes intangibles du mouvement ouvrier. Il renvoie donc au schisme apparu lors de la première guerre mondiale entre ceux qui maintiennent haut et fort l’internationalisme prolétarien et ceux qui trahissent ce principe en versant dans le nationalisme et le soutien à l’un ou l’autre camp en conflit. Afin de soutenir cette dénonciation, nous reproduisons la déclaration de Londres : L’Internationale anarchiste et la guerre de février 1915 des internationalistes alors majoritaires qui s’opposent radicalement aux bellicistes minoritaires du Manifeste des Seize rédigé par Pierre Kropotkine et Jean Grave, Manifeste qui prend parti pour le camp des Alliés contre ‘l’agression allemande’.

La section de l’Association Internationale des Travailleurs en Russie appelle au boycott des provocateurs et des dénonciateurs qui se cachent derrière le nom d’"anarchistes" et dénoncent les militants de notre organisation.

Notre position contre la guerre menée par les oligarchies capitalistes pour la répartition du ‘territoire post-soviétique’ rencontre la compréhension et le soutien des internationalistes anarchistes d’Ukraine, de Moldavie et de Lituanie, avec lesquels nous maintenons des liens.

Mais dès le début de la guerre russo-ukrainienne, les soi-disant ’anarchistes’, qui ont abandonné la position anarchiste internationaliste traditionnelle consistant à vaincre tous les États et toutes les nations et qui soutiennent l’une des parties belligérantes, ont lancé une campagne de diffamation contre notre organisation.

Par exemple, les anciens anarchistes Anatoly Dubovik et Oleksandr Kolchenko vivant en Ukraine ont publié les noms et adresses de nos militants sur Internet. Le premier d’entre eux a écrit le texte correspondant, et le second lui a fourni son compte Facebook pour le publier puis l’a approuvé. Le prétexte était que notre organisation adopte une position internationaliste cohérente et condamne à la fois l’invasion russe de l’Ukraine, le nationalisme ukrainien et la politique expansionniste du bloc de l’OTAN.

MM. Dubovik et Kolchenko ont tenté sans vergogne et impudence de calomnier notre section de l’AIT, essayant de nous attribuer sans preuve aucune une position de défense du Kremlin. De plus, ils admettent que nous appelons les soldats ukrainiens et russes à refuser de se battre.

Ceci signifie que ces faux anarchistes, en publiant les adresses de militants anti-guerre situés en Russie, appellent directement les services secrets russes et les voyous nationalistes contre eux, en tant qu’opposants à la guerre, afin de les mettre dans leurs mains ! Dans les conditions de harcèlement, de licenciements, de menaces et de représailles physiques continus contre les personnes anti-militaristes en Russie, de telles actions équivaut à une véritable délation avec une information précise sur qui les forces répressives devraient s’occuper.

Une fois de plus, les nationalistes des deux côtés de la ligne de front, suivant la logique du "qui n’est pas avec nous est contre nous", sont prêts à détruire conjointement leurs principaux adversaires, les internationalistes qui refusent de faire un choix entre États belligérants et les cliques bourgeoises, entre la peste et le choléra.

Les anarchistes du monde entier devraient être conscients des actes honteux des provocateurs-informateurs et refuser une fois pour toutes d’avoir quoique ce soit à faire avec eux, en les expulsant à jamais de l’environnement anarchiste et les renvoyant à leurs patrons et maîtres des services secrets et la police secrète !

Source

L’Internationale anarchiste et la guerre février 1915